Bio : comment Carrefour veut garder la première place face à Biocoop, Leclerc et Casino

Rédigé le 03/05/2019



Carrefour et Casino viennent de publier leurs résultats trimestriels, respectivement les 24 et 25 avril. Carrefour annonce une croissance de 20% de ses ventes dans le bio, Casino une progression de 11%. Pas de doute, le segment biologique est devenu un formidable moteur de croissance. Et les ambitions sont à la hauteur des attentes: fortes. Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, vise un chiffre d’affaires bio de 5 milliards d’euros pour tout le groupe à horizon 2022, Jean-Charles Naouri, celui de Casino, souhaite atteindre 1,45 milliard en France d’ici 2021. Et tous deux le revendiquent haut et fort: ils visent la première place du podium. Carrefour annonce dans son communiqué financierdu premier trimestre être "aujourd’hui le premier acteur du Bio en France". De son côté, Jean-Charles Naouri revendiquait dans une interview au Monde en mars: "Nous allons, par ailleurs, poursuivre la croissance du bio, où nous sommes déjà leader, notamment grâce à nos magasins Naturalia". Quant à Michel-Edouard Leclerc, président de l’enseigne éponyme, il a affirmé en octobre au Parisien: "Notre ambition est de devenir le leader européen dans le bio". Dans ce contexte ultra concurrentiel, Benoît Soury, ancien directeur général de La Vie Claire, et directeur du marché bio à Carrefour depuis un an, a répondu aux questions de Challenges.

Challenges - Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, Jean-Charles Naouri, PDG de Casino et Michel-Edouard Leclerc, président des magasins Leclerc, revendiquent ou visent tous les trois une forme de leadership dans le bio. Qui gagnera la course à l’échalote biologique?

Benoît Soury - Tout le monde a beaucoup d'actualité dans le bio. Il n'en demeure pas moins que Carrefour est devenu le premier vendeur de bio. Sur le marché français, nous occupons la première place avec 1,450 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2018. Nous sommes suivis de Biocoop avec 1,2 milliard de chiffre d’affaires pour le réseau, dont il faut retirer moins de 10% d’offre non bio, puis de Leclerc avec plus de 950 millions d’euros, à peu près comme Casino. Mais les rythmes de croissance diffèrent. Carrefour et Leclerc ont fait jeu égal en sur-performant le marché de la distribution, avec des croissances de l’ordre de 22 ou 23%, contre 20% pour le secteur.

Quelle est votre stratégie pour différencier Carrefour?

Elle est assez simple. Tout d’abord, nous investissons depuis des années dans le développement de filières. Historiquement, il s’agissait de filières non biologiques, mais nous élargissons désormais au bio. Nous avons ainsi créé de véritables filières bios dans la banane, la clémentine de Corse ou les œufs. Nous proposons des contrats de 5 ans qui couvrent pour certains producteurs des périodes de conversion de 2 ou 3 ans. Nous annonçons à présent que nous sommes le premier distributeur à recréer une vraie filière de vin en bordelais dans le bio, avec un espace de conversion.

Le deuxième axe, consiste à s'adresser à tous les consommateurs du bio. Nous avons ainsi développé de véritables shops in shops dans les magasins, et qui ne sont pas de simples petits corners ou un bout d'allée. Nous avons pris le parti de théâtraliser et de rassembler l’offre. La première "bio expérience" a été dévoilée en juillet 2018 au sein de l’hypermarché Carrefour de Chambourcy, sur une zone de 500 mètres carrés environ.