Suicide d’une salariée de Carrefour Thiers : amende de 100 000 euros requise contre l’enseigne

Rédigé le 31/01/2022


Une hôtesse d’accueil employée depuis 27 ans au magasin Carrefour de Thiers avait laissé une lettre mettant en cause son environnement professionnel et le harcèlement moral dont elle disait être victime

Une amende de 100 000 euros a été requise contre la société Carrefour mercredi devant le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand pour « homicide involontaire » à la suite du suicide d’une salariée à Thiers en 2017. L’entreprise, le directeur du magasin et un manager de caisses comparaissaient également pour « harcèlement moral ». Le parquet a aussi demandé la majoration de 10 % de l’amende, ainsi que la publication de la décision et l’affichage deux mois sur les portes de l’entreprise.Il a par ailleurs requis six mois de prison avec sursis à l’encontre du manager, ainsi que 5 000 euros d’amende, la privation des droits d’éligibilité pour cinq ans et l’interdiction d’exercer la profession à l’occasion de laquelle l’infraction s’est produite. Rien n’a été requis à l’encontre du directeur, absent de l’audience qui s’est prolongée tard dans la nuit de mercredi à jeudi.

 

« Favoritisme » et « représailles »

Le 3 avril 2017, Viviane Monier, 46 ans, avait mis fin à ses jours à Vollore-Ville (Puy-de-Dôme). Cette hôtesse d’accueil employée depuis 27 ans au magasin Carrefour de Thiers, avait laissé une lettre mettant en cause son environnement professionnel et le harcèlement moral dont elle disait être victime. Une enquête de l’Inspection du travail avait corroboré ces faits de harcèlement et l’entreprise a déjà été condamnée pour « faute inexcusable » par le pôle social du tribunal judiciaire le 25 novembre dernier.« Il résulte de l’audition des salariés que l’ambiance générale dans le magasin de Thiers était très mauvaise et ce depuis plusieurs années », avait souligné dans son jugement le pôle social. « L’organisation mise en place par la direction a provoqué des tensions entre collègues », ajoute-t-il évoquant « des situations de favoritisme » entre les hôtesses ou au contraire « de représailles (changement d’horaire, surveillance, refus d’attribution de congés) » de la part de la direction et du manager contre d’autres employés. Le jugement a été mis en délibéré au 7 février.